Alfonse Alt
Alfonse Alt est résident d’Astérides en 1996. Les archives de Triangle-Astérides ne permettent pas de déterminer les dates exactes ni la durée de cette résidence en 1996.
Alfonse Alt est né en 1962 à Illertissen (DE), il vit et travaille à Marseille (FR)
[…] On peut dire que l’oeuvre d’Alfons Alt ne se range ni dans la définition de la Peinture, ni dans celle de la Photographie, parce que les deux expressions ne veulent faire qu’une. Elles trouvent leur résolution aporétique, donc embarrassante, dans l’expression forgée par l’artiste lui-même pour nommer son travail : l’« Altotype ». Un procédé dont il est devenu le tenant et l’aboutissant, qui est devenu un style, une signature, une « marque déposée » par le pigment sur l’image photographique. La photographie et le pigment de la peinture se joignent ainsi pour faire ni une photo, ni une peinture, ni même une conjugaison contractée des deux, mais pour « faire image » et se rapprocher de l’idée du tableau. Chaque photo-peinture d’Alfons Alt est le voulu en puissance d’une « image-tableau » qui tend à s’affirmer comme telle.
Lorsqu’on lui fait remarquer judicieusement que ses photos sont marouflées sur toile et tendues sur un châssis, il s’insurge sur le fait qu’on voudrait y trouver là une volonté de sa part de signifier une peinture. « Non — dit-il —, c’est un choix qui répond à des problèmes pratiques : ainsi présenté c’est moins lourd et moins fragile qu’un encadrement sous vitre ». Ça c’est ce qui se dit, mais ce qui se voit est autre ! Les photographies d’Alfons Alt sont destinées à être placées sur les murs, ce qui est la place des tableaux, petits ou grands. La photographie, par sa technique de reproduction dès le départ, s’était placée du côté intimiste qu’on a longtemps insérée dans des albums, ou des portefeuilles, à l’abri des regards. Le tableau, lui, s’expose généreusement dans des lieux consacrés et emblématiques : églises, châteaux, musées…
Comme on l’a vu chez Alt, les thèmes qui reprennent ceux de la peinture, le pigment passé au pinceau, la toile sur châssis, le grand format, le mur exposition, tout concourt à l’idée que le propos de l’artiste se trouve dans la monstration d’une photo-peinture comme l’équivalent du tableau classique et générique. L’Altotype se détache de la référence à une technique, pour devenir la résolution d’une création aporétique.[…]
- Extrait du texte de Bernard Muntaner, L’ « Altotype » comme réduction d’une aporie ou, la résolution d’une impasse, janvier 2016