'CUZ WORDS
Performances et lectures, organisées par le duo feeelings (Anouchka Oler et Camille Gerenton)
Dans le cadre de l’ouverture d’atelier d’Anouchka Oler à Triangle France, avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International.
Programme :
Samedi 18 novembre 2017 :
14h : plage des Catalans, 13007 Marseille. Bus 81, 82, 82S, arrêt : Plage des Catalans.
Lectures avec Jane Fawcett et Cave Club qui invite à son tour Eugénie Zély.
18h : Atelier 2Y1, 2ème étage des Magasins, Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin, 13003 Marseille.
Performances de Simon Asencio et Eleanor Weber.
« Un homme pluma un rossignol et, trouvant peu de chair à manger, dit : “Tu n’es qu’une voix et rien de plus”. »
Plutarque, Œuvres morales, « Apophtegmes laconiens »
Si la première architecture que l’on habite est sûrement son corps alors notre premier locataire en est infailliblement sa voix. On est capable d’en accueillir bien d’autres. Les cinq artistes réunis ce jour l’entendent. Les multiples voix qui les parcourent et qu’ils recueillent sont fouillées minutieusement de leurs origines et échos, de leurs tremblements et autres fluides. Elles énoncent les forces et les faiblesses dont elles sont faites, les privilèges et les défaveurs, les constructions de pouvoir qui les animent.
On se doit de réfléchir plusieurs fois avant de comprendre ce que veulent dire les mots. C’est à dire profondément. D’en explorer la force disruptive. Mais laisser entendre que la langue est un passage suppose aussi qu’elle glisse.
Sa présence dans un corps - soit la voix individuelle - est saisie par ces artistes comme une tentative d’attraper cet objet glissant ; elle est l’enjeu nécessaire à l’articulation de ce qui les traverse.
Celle qui vient seule avec ses propres ressources - intellect, désir, colère, traduction ou malaise - invite des voix plurielles composant des lignes de forces collectives vibrantes. Ces voix qui nous pénètrent, nous entourent, nous empêchent ou nous portent.
‘CUZ WORDS est la traduction rapide et triviale en anglais d’une interjection de Jacques Lacan extraite de son séminaire ‘On Feminine Sexuality, the Limits of Love and Knowledge’ et pourrait peut-être se traduire à nouveau par “les mots parce que”.
On peut l’imaginer le cigare tordu à la main, les yeux terribles emportés par le flux intense de sa parole concentrée, d’un geste balayant l’assemblée, prononcer ces mots avec l’autorité du Maître “LES MOTS PAR CE QUE”. Et puis peut-être ensuite un silence dans la salle?