Triangle-Astérides

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Exposition

Crash Taste - hors les murs

Exposition collective avec Boris Achour, Agathe Alberti Bock, Fayçal Baghriche, Charlotte Benedittini, Karina Bisch, Mireille Blanc, Aurélie Bourguet, Emilie Caldieron, Colin Champsaur, Grégory Cuquel, Elodie Garrone, Alexandre Gérard, Justine Giliberto, Natacha Gomet, Mahjoub el Hassini, Seong-Hye Hong, Anthony Jacquot-Boeykens, Guillaume Linard-Osorio, Guillermo Moncayo, Samuel Montcharmont, Olivier Muller, Catalina Niculescu, Yannick Papailhau, Kirsty Roberts, Thomas Royez et Arnaud Vasseux

5 - 20 novembre 2010
Buy-Sellf Art Club, 101 rue Consolat, 13001 Marseille

11 - 27 novembre 2010
Fondation Vasarely, 1 avenue Marcel Pagnol, 13090 Aix-en Provence

En partenariat avec l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Marseille, l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, Triangle France et Rond-Point projects, la Fondation Vasarely et Buy-Sellf Art Club, et avec le soutien des villes de Marseille et Aix-en-Provence.

Crash Taste est une exposition collective, au sens où elle réunit des œuvres de différents artistes, mais également au sens où elle résulte d’un processus de travail mené par les huit membres du collectif C.A.K.E. Plus profondément, le qualificatif pourrait également renvoyer au fait que ce « collectif » colore l’exposition, non pas à titre de thème officiel, surplombant, mais au contraire de façon sous-jacente : dans la confrontation entre l’idéal régulateur et l’expérience singulière, intense et provisoire. Cette question ouverte, sans cesse remise en jeu, qui se diffracte dans le prisme que cette exposition compose pour proposer une certaine perspective sur la réalité.

L’exposition était notre hypothèse de départ et le prétexte à une première rencontre. Le processus a trouvé son moteur directement dans les œuvres, et pour commencer celles découvertes ensemble, à l’occasion de rencontres avec des artistes en résidence à Triangle France. Les œuvres ont alimenté nos discussions, qui ont appelé d’autres rencontres, d’autres œuvres. Le sens ne s’est pas imposé, mais s’est tissé à travers la pluralité de nos lectures croisées, complémentaires ou discordantes. La proposition qui s’en dégage n’est pas une réponse figée, mais un équilibre provisoire dans ce jeu de résonances et de déplacements.

Les pièces présentées forment une arborescence de thématiques. Partant d’une attention aux matériaux du quotidien, et aux gestes qui s’appuient sur la poétique de leurs formes et leurs forces pour mettre en relief la plasticité des signes et leur perméabilité au contexte, notre regard s’est tourné vers le rapport du corps avec l’architecture. La confrontation de l’individu au milieu construit par et pour lui-même nous met face, avec les considérations sociales qui l’accompagnent, à l’ambiguïté des objets et des lieux. Entre la fonction et l’usage s’ouvrent des brèches dans lesquelles les œuvres déploient leurs opérations, bousculant l’évidence des attributions et des genres. Les effets d’échelles qui nous entraînent en un mouvement de travelling de l’intérieur domestique au bâtiment, à la ville et plus loin encore dramatisent l’enjeu du passage du particulier au général, du singulier au collectif. Question de gabarit et de repères

Significativement, les deux sites identifiés dans l’exposition, la Cité Radieuse et la ville de Brasilia, emblèmes d’une aventure utopique fondée sur l’extrapolation rationnelle d’un individu archétype, se situent dans un temps incertain, suspendu entre futur et passé, entre chantier et ruine. Si cette apparition fantomatique manifeste l’altération des idéaux d’une époque, elle s’offre aussi comme une mémoire à investir au présent. Soumise aux dispositifs mis en œuvre par les artistes, fragmentée dans le jeu des images, l’autorité monumentale laisse place à l’immanence des matériaux et des formes, esquissant les contours d’un territoire à parcourir.

La ville dans sa dimension horizontale se dessine au fil des déviations, des accidents imperceptibles qui contournent les bornes entre action et fiction. Des silhouettes s’y croisent, acteurs ou participants involontaires, mais les identifications restent transitoires, soumises au mouvement des perspectives qui se succèdent et se démultiplient.

Apparitions et métamorphoses se reflètent dans le flux des images qui reconfigurent les identités des êtres et des choses au rythme de leurs variations. A l’accélération répond le ralentissement extrême, dilatation de l’espace et du temps ou dissolution de la représentation dans la vibration du freeze-frame, la prolifération des images-fragment laisse émerger dans l’anonymat du souvenir intime la possibilité d’une mémoire collective, lacunaire. Vaste souvenir d’une ancienne crise, appréhension d’une prochaine, les crash tests servent à anticiper les chocs. Crash Taste a un avant goût d’un monde sûrement déjà loin.

Se déployant sur deux lieux, l’exposition Crash Taste se dédouble. Pensées comme un tout, ces deux parties renvoient l’une à l’autre mais peuvent aussi être vues de façon autonome. Leurs temporalités, qui se chevauchent, soulignent ces possibilités diverses. Par sa configuration spatio-temporelle, Crash Taste est une exposition à la fois une et multiple à l’image de la pensée qu’elle matérialise : une proposition collective, générée dans l’entrecroisement de huit perspectives singulières.

Ces deux expositions collectives sont le résultat d’un workshop avec le groupe C.A.K.E, composé d’étudiants des Écoles d’art de Marseille Luminy et Aix en Provence. Prenant comme point de départ les pratiques des trois résidentes de Triangle France de janvier à avril 2010 (Mireille Blanc, Kirsty Roberts et Catalina Niculescu), ils ont conçu une exposition collective à partir de leurs problématiques de travail en incluant des œuvres d’artistes du territoire ainsi que leurs propres travaux.