Jaimes
Exposition collective avec Marina De Caro, Kapwani Kiwanga, Hana Miletic, Aurilian, Katrin Ströbel, Tadáskía et Ashes Withyman
Curatée par Marie de Gaulejac
24 juin - 16 octobre 2022, vernissage public le 23 juin de 17h à 22h
R4, Friche la Belle de Mai
Une exposition co-conçue et co-produite par Triangle-Astérides et La Ferme du Buisson, centres d’art contemporain d’intérêt national
En co-production avec la SCIC Friche Belle de Mai
JAIMES est un titre affirmatif et hybride où le “Je” parle au “Tu” du besoin de l’autre pour se constituer et dévoiler des mécanismes d’interdépendance entre matières et émotions.
L’exposition JAIMES rassemble diverses énergies et manipulations expérimentales à travers des pratiques plastiques pensées en tandem et associées à de véritables filtres et assemblages symbiotiques.
JAIMES porte son attention aux processus de création, aux environnements sociaux et politiques dans lesquels les artistes inscrivent leurs recherches, leurs supports, leurs traits, leurs lignes, leurs couleurs et leurs formes.
Dans son ouvrage Proliférations, l’anthropologue et autrice Anna L.Tsing parle de « résurgence », une idée fondatrice de cette exposition. La polysémie de ce terme, qui exprime à la fois la ou les vies possibles, les fertilités, les reconstitutions, les renaissances et réapparitions, entraîne au sein de l’exposition de fabuleux maillages et équilibres précaires.
Que ce soit par la gouache, le fusain, le crayon sur papier, ou par un système prolifique de câbles et de cristaux de sel d’alun de potassium portés à ébullition, les artistes Marina De Caro et Aurilian mettent en avant les fragilités et les émotions de l’âme. Les dessins politisés et performatifs de Katrin Ströbel et Tadáskía habitent quant à eux les espaces d’écritures sensibles du présent en réponse à des sentiments ambigus du passé ; des passages transitoires ou chorégraphies dédiés à envisager le futur autrement. Des jeux de corporalités et des expérimentations de méthodes de recherches viennent s’assembler et créer des écarts de sens indispensables aux interprétations subjectives, donnant une véritable place aux imaginaires et à leurs représentations. Dans son travail, Ashes Withyman nous offre des échantillons de communications maladroites qu’il entretient avec les arbres à l’occasion d’exercices d’immersions visuelles dans les forêts, les montagnes, les bords de canaux et les terrains en friche. Hana Miletic, très attentive à ce qui l’entoure, tisse d’après photographies une large documentation d’éléments de réparations provisoires qu’elle trouve dans les espaces publics, comme notamment les bouts de scotch sur des carrosseries de voitures, ou bien les bâches de travaux ingénieusement raccommodées. La reproduction des « patchs » pour lesquels l’artiste voue un temps illimité à l’aide de son métier à tisser, fait écho au temps long et dérisoire que Kapwani Kiwanga passe, filmée de dos, à nettoyer un feuillage de bord de route en Tanzanie, pour en faire réapparaître son vert chlorophylle ; une attention simple redonnant souffle au végétal essentiel à la vie.
JAIMES initie un dialogue fécond entre des artistes partageant une nécessité commune d’envisager des formes d’optimisme, de soin, d’espoir comme de réelles sources nutritives exceptionnelles présentes sous nos pieds et devant nos yeux. Une émulation qui laisse circuler les perceptions, les agitations et les flux où les artistes fabriquent entre elleux coutures et surpiqures délimitant des zones de joie passagères face à des zones de doutes éternels.
« À l’extérieur de la maison entre les forêts et les champs, la générosité n’est pas encore épuisée. »*
*Anna L. Tsing, Proliférations. Préface d’Isabelle Stengers. Trad. de l’anglais (États-Unis) par Marin Schaffner. Wildproject, p.128