Les mensonges du météorologue
Une exposition personnelle de Madison Bycroft
27 juin - 16 novembre 2025, vernissage public le jeudi 26 juin de 17h à 22h
Panorama, Friche la Belle de Mai
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Une exposition conçue et produite par Triangle-Astérides, co-produite par la coopérative La Friche la Belle de Mai
Avec le soutien de la Villa Médicis et de la Fondation des Artistes
Partenaires : Actoral, steirischer herbst ‘25
L’exposition personnelle de Madison Bycroft, Les mensonges du météorologue, est conçue autour de son film The sauce of all order [La sauce de tout ordre] (2024), réalisé alors que l’artiste était pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et ici présenté dans une version installative enrichie de quatre vidéos et de deux séries de sculptures (2025).
Tout à la fois récit initiatique, comédie musicale et film fantastique, The sauce of all order suit l’inauguration — littéralement — de Felix Culpa qui doit rejoindre le cercle des augures, prêtres de la Rome antique qui interprétaient des phénomènes naturels considérés comme des présages, entre autres liés au comportement des oiseaux.
C’est dans un grand monticule de terre, taupinière à échelle humaine, que le film est projeté. Les deux figures animales de la taupe et de l’oiseau structurent l’exposition par une opposition signifiante. D’une part des animaux aériens, appelant à l’élévation (notamment du regard) et servant d’appui à la divination, de l’autre une bête vivant sous terre et dont le nom est synonyme de double jeu et de dissimulation. Chez Madison Bycroft, la contradiction — enchevêtrée dans un univers formel exubérant dissimulant le sens qui toujours nous échappe — est omniprésente et non résolue : les sculptures, par exemple, sont tout à la fois des nichoirs et des effaroucheurs d’oiseaux, censés les attirer comme les éloigner.
Dans le film comme en peinture les oiseaux de Madison Bycroft sont au nombre de sept, ainsi que les personnages des augures auxquels ils correspondent : le vautour (Viscera), le pivert (Audite), le paon (Petronius, dont le nom fait référence à Pétrone, auteur présumé du Satiricon qui est une inspiration lointaine et diffuse de The sauce of all order), le corbeau (Ignatius), l’aigle (Magus), enfin la chouette (Somnium) et le poulet (Avis). Traités à part, ces deux derniers sont isolés du reste de la série de tableaux dont les oiseaux font l’objet : près de l’entrée de la taupinière trône la chouette, oiseau solitaire et de mauvais augure. Le poulet quant à lui, de l’autre côté du monticule, arbore une auréole ainsi qu’un phylactère-banderole sur lequel est inscrit à l’envers “I’m always lying” : je ne fais que mentir.
Au travers du mensonge et de la divination, c’est de la possibilité contrariée d’accéder à la vérité des êtres et des choses par le langage qu’il est question. La météo, mais au-delà d’elle le réel dans son ensemble, excède toujours les cadres interprétatifs que nous nous donnons pour le prédire et l’éclairer : organique, il coule inéluctablement hors cadre, hors norme, tel l’exquise sauce du banquet des augures qu’avec Felix Culpa nous aimerions tant goûter — « ne serait-ce qu’une bouchée. »
Curatrice : Victorine Grataloup
Production : Camille Ramanana Rahary, Florence Gosset
Conception scénographique, régie technique et montage : Benoit Fremaux, John Girard, Matthieu Girard, Thomas Meysson, Caroline Selig, Vincent Sojic
Attachés et attachées de billetterie : Elisa Cardheilac, David Soriano, Mia Suau
Agents et agentes d’accueil et d’exposition : Aude Bourhis, Tatiana Calderо́n Ellis, Elsa Gasnault, Rachid Hogas, Agathe Mirafiore, Yoen Murray, Romane Philippe, Souvenir Sitty Bahiya, Annabelle Verhaeghe
Assistantes de l’artiste : Elisa Chaveneau, Nour Zarrouk ; journal réalisé en collaboration avec Zoé Brunet-Jailly
Assistantes d’exposition : Clara Juan, Léa Battesti
L’artiste remercie : Diletta Bellotti, Robyn Bycroft, Elisa Chaveneau, Dina Mimi, Robin Rutenberg, Dre Spisto, Kristine Kjeldsen, Jess Saxby, Joel White, Nour Zarrouk, ArtEZ Ceramic Departement, l’équipe de Triangle-Astérides, Sissi, The WNBA, et leur chien Ash pour ses retours et son soutien
« Madison Bycroft (iel), né·e en 1987 à Tarntanya (adélaïde, australie), vit et travaille entre Marseille et Paris, France, et enseigne auprès du groupe de recherche FKA Critical Practices à l’ArtEZ University of the Arts d’Arnhem (Pays-Bas).
Bycroft est diplômé·e de l’Université d’Australie-Méridionale (2013), du Master of Fine Arts du Piet Zwart Institute à Rotterdam (2016), et a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2023.
À travers la vidéo, la sculpture et la performance, Madison Bycroft s’intéresse actuellement à des thématiques variées : formes de lecture et d’écriture, expression, refus. Ces thématiques lui pemettent d’explorer les dimensions politiques de la lisibilité et de l’inintelligibilité (lire et être lu·e), à travers le langage mais aussi le matériel, en s’intéressant tout particulièrement à la manière dont le/s “sens” est/sont conditionné(s) par le contexte historique, certains biais et surtout des structures de pouvoir. Bycroft cherche comment nous pourrions réimaginer la lecture dans son sens le plus large - et la compréhension, non pas en situant ces activités comme des moyens d’atteindre un certain accomplissement, mais plutôt comme des relations flottantes qui ouvrent des espaces - opaques, errants, fracturés. En allant à la fois avec et contre le courant, les pratiques de lecture réparatrice (reparative reading) et de lecture en résistance (resistant reading) ainsi que l’harmo nie ou la méconnaissance sont autant d’outils employés dans l’économie de la lisibilité et de la compréhension. »