Véhicule
Exposition collective avec Richard Baquié, Alain Bublex, Francesco Finizio, Philippe Ramette, Bruno Rousseaud, Laurent Terras, Laurent Tixador et Kenji Yanobe
22 mars - 20 avril 2002
Galerie de la Friche, Friche la Belle de Mai, 13003 Marseille
VÉHICULE : ce qui sert à transmettre, à faire passer d’un lieu à un autre, ce qui sert à porter, à communiquer.
Avec cette exposition, ASTÉRIDES réunit huit artistes qui ont questionné l’idée de déplacement physique, mental ou virtuel.
Communément associée au terme véhicule, l’automobile est le premier objet référent du transport. Révélant les évolutions technologiques liées au déplacement, l’objet voiture, médium plastique à part entière, a largement été exploité par les artistes. Si le propos n’est pas celui d’une présentation exhaustive des pratiques, l’exposition permettra une lecture diversifiée et transversale de la thématique.
Les pièces de Richard BAQUIÉ et d’Alain BUBLEX révèlent au travers de leur véhicule divers transferts entre mouvements physiques et intellectuels.
Avec Que reste-t’il de ce que l’on a pensé et non dit ? Richard BAQUIÉ simule l’évanescence des idées. L’évocation de la voiture se révèle être un support de rêverie tandis que le déplacement est suggéré par le simple frémissement d’un morceau de papier.
Cette corrélation entre le mouvement et la pensée se retrouve chez Alain BUBLEX. “Conduire est un événement exceptionnel, une activité d’absence improductive, comme regarder la télévision ou pratiquer les jeux vidéos mais qui laisse l’esprit parfaitement libre. Cette liberté est au centre de la conduite automobile, il me semble que nous conduisons des voitures non pas pour nous déplacer mais pour penser.” (1)
L’automobile apparaît de manière plus ou moins explicite dans presque tous les projets d’Alain BUBLEX et l’Aérofiat, évocation humoristique d’un véhicule hybride, décline parallèlement une projection formelle spatio-temporelle (“le futur dans le passé”) (2).
Machine à penser, machine pour voyager, l’Aérofiat, représente “le monde moderne à l’état de projet” (3).
L’hybridation des maquettes de Bruno ROUSSEAUD stigmatise la surprotection de nos sociétés. Les machines sont ici guerrières et leur aspect agressif est surligné par l’adjonction d’une tourelle de char d’assaut. Variations plastiques d’un prototype à l’échelle un, le véhicule est présenté ici en tant qu’objet.
L’évocation de la guerre est perceptible dans le Foot Soldier (Godzilla) de Kenji YANOBE. Transcription fantasmagorique d’une créature issue des explosions nucléaires de 1945, cette pièce révèle l’univers culturel de l’artiste. Questionnant les performances technologiques et leur instrumentation, ce bricolage grotesque et monstrueux est cependant pensé pour recevoir le corps et envisager sa mobilité.
L’installation de Francesco FINIZIO (maquette, série de gouaches et documentations diverses en relation avec la momie de Lénine) permet “une exploration du vocabulaire plastique de l’utopie” (4). Conçu selon les paramètres d’un produit de consommation, le dispositif Panacea utilise le déplacement géographique d’un symbole emblématique en vue de la construction d’une alternative économique.
Embarcation auxiliaire se rattachant à un organe principal non identifié, la pièce de Laurent TERRAS, le Space nurse project : module de survie, fonctionne à la fois comme un isoloir communicationnel et une petite embarcation de survie. Le mouvement de cet habitacle est celui d’une boussole désorientée. Son déplacement mental évoque la prolifération des flux extérieurs face au paroxysme du repli identitaire.
Objet mobile véhiculant un imaginaire, l’iceberg radiocommandé de Laurent TIXADOR est le premier modèle réduit conçu pour la navigation polaire. La construction sert un projet d’expédition au Gröenland au cours de laquelle l’artiste entend rallier ses confrères aventuriers.
Éléments d’une éventuelle projection physique et supports d’un tout aussi éventuel mouvement mental, les Starting block à chute de Philippe RAMETTE provoqueraient inévitablement la chute des usagers qui se risqueraient à une telle compétition. Leurre d’un exercice physique et objet de rivalités, nous retrouvons avec cette pièce équivoque la subtilité et l’humour discret du travail de l’artiste.
(1) Jean-Yves JOUANNAIS, “Tenir à jour les paysages”, ArtPress, mars 1999, p.25.
(2) Alain BUBLEX, “Un entretien avec Christine Macel, Paris, 19 août 1996” in Aérofiat, Saint-Fons, éditions Centre d’arts plastiques de Saint-Fons, 1997, non numéroté.
(3) Alain BUBLEX, “Un entretien avec Christine Macel, Paris, 19 août 1996” in Aérofiat, op.cit.
(4) Francesco FINIZIO, propos extrait d’une notice de la pièce réalisée pour le Fonds Communal de la Ville de Marseille.