Marc Etienne
En résidence au Glasgow Sculpture Studios (GB-SCT), dans le cadre d’un programme de résidences croisées.
Marc Etienne est né en 1987 à Annonay (FR), il vit et travaille à Marseille.
Suivant la disposition dans laquelle il se trouve, le bernard-l’ermite accorde différentes significations à l’anémone de mer. Il lui attribue tour à tour une fonction protectrice, résidentielle, ou nutritionnelle. Marc Etienne propose des pièces qui sont à la fois bavardes et laconiques, absurdes et logiques, évidentes et floues, indécises et tranchées.. Il se plaît à ne pas en cristalliser les contours, à en changer la facture, les dimensions, la signification selon l’occurrence. Une façon peut-être pour lui de ne pas prendre de décision trop hâtive. Une constante se dégage cependant de cette «indécision choisie». C’est la posture du fan qu’il adopte et qu’il intègre à sa méthodologie. Il y a différentes manières d’être fan, différents degrés d’adoration. Marc Etienne aime à dire qu’il «s’y croit» lorsqu’il construit ses formes qu’il appelle «histoires». Tel un fan, avec sa propre économie, sa propre temporalité, il va s’appliquer à reproduire à la main des détails de l’accoutrement d’un chanteur qui lui auront plu. Une musique de film, une phrase tirée d’un morceau de rap, les courbes généreuses d’une chanteuse de rn’b vont être autant de prétextes pour lui à réaliser des formes monumentales en bois, béton ou métal que des maquettes minutieuses en baguettes ou des dessins au lavis. Ces productions portent toutes (de manière plus ou moins ostentatoire, en tout cas toujours revendiquées) les traces des gestes effectuées par l’artiste. « Des traces de temps de travail, de labeur, ou des traces de plaisir ». Le bernard-l’ermite accorde à l’anémone la chance, d’incarner plusieurs rôles dans son champ perceptif et dans son évolution. Marc Etienne, lui, prélève des formes qu’il charge d’un autre passé, d’un autre présent tout en leur laissant la possibilité de s’enrichir de différents évènements futurs. (texte de Jean Colin)
Immédiatement après avoir obtenu son DNSEP aux Beaux Arts de Lyon en 2010, Marc se dit qu’il est temps de travailler 30 heures par semaines pour gagner de l’argent afin de financer ses futurs projets et payer son loyer. Il trouve assez vite un poste de plongeur dans un petit restaurant. Il lavera des assiettes et des cocottes minutes durant huit mois. Il n’est pas passionné par ce travail mais cela lui permet de réfléchir, de cogiter pendant qu’il est à l’ouvrage. Il se répète souvent qu’il n’a pas fait des études pour en « arriver là ». En allant et en revenant du travail il écoute Booba dans son walkman, qui dit dans un morceau « J’suis pas né pour faire la plonge ». Cela amuse Marc en même temps que ça l’attriste. Il se dit qu’il rate sa vie à tenter de la gagner. En même temps, cette activité manuelle, solitaire et répétitive nourrit son esprit rêveur. Et tous les jours en rentrant du boulot il dessine, élabore des scénarios, des idées de futures œuvres à l’aide de ses doigts fripés et attaqués par l’eau de vaisselle. Au bout de huit mois de plonge, Marc est pris en résidence chez Stephen Balkhenol, ce qui lui permettra enfin de travailler les matières autres que la vaisselle: le bois. Il enchaînera ensuite avec Astérides, Fugitif à Leipzig, Moly Sabata. Depuis qu’il a arrêté de laver des plats, il réalise des objets, des dessins, en pensant aux plats qu’il eut lavé.
En 2022, Glasgow Sculpture Studios (GSS) et Triangle-Astérides ont célébré le 10e anniversaire de leur programme d’échange de résidences.
Établi en 2012, l’échange de résidence est conçu pour les artistes à un moment charnière de leur carrière qui n’ont pas bénéficié d’un soutien institutionnel majeur ou de l’opportunité de développer leur travail à l’étranger. Le programme permet aux artistes et aux praticiens créatifs basés à Glasgow de travailler, de partager leurs pratiques et d’acquérir de nouvelles compétences en France, tout en facilitant l’expérience réciproque pour les artistes basés à Marseille de se rendre à Glasgow et de découvrir le paysage culturel de l’Écosse.
Le partenariat entre GSS et Triangle-Astérides est né de la désignation de Glasgow et de Marseille comme villes jumelées en 2006. Les deux organisations ont l’habitude de faire de la culture un élément central de la vie de leur ville. Basées dans d’anciens centres industriels, GSS et Triangle-Astérides partagent des objectifs, des défis et des contextes de travail similaires. Les deux organisations soutiennent les communautés créatives de leurs villes respectives en encourageant une communauté artistique diverse et solidaire et en fournissant un accès à des studios d’artistes, à des installations de production de haute qualité et à des réseaux culturels.
Alors que nous entamons une nouvelle décennie du programme d’échange de résidences, nous avons officialisé le Centre for Contemporary Art (CCA) en tant que partenaire du projet. L’équipe du CCA soutient depuis longtemps ce programme de diverses manières : visites d’ateliers, soutien en nature et travail.