Triangle-Astérides

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Cycle "More Of Us"

Teesa Bahana, directrice de 32°East Ugandan Arts Trust est à l’origine de la collaboration entre Bruise Magazine [plateforme éditoriale de Triangle France puis Triangle-Astérides de 2018 à 2023] et le collectif More of Us. Cette collaboration propose dans une série d’essais et d’illustrations une réflexion sur la solidarité, l’échange et l’action collective, valeurs portées et partagées par Triangle-Astérides et More of Us. 

Les membres du collectif More of Us sont issu·es de zones géographiques très diverses allant du Mexique à l’Indonésie en passant par la Colombie, la République Démocratique du Congo, l’Afrique du Sud ou encore l’Ouganda. Ils et elles se sont réuni·es par l’intermédiaire du Arts Collaboratory network, inspiré·es par le partage des cultures, des critiques et de la créativité émanant de pays du Sud, pour changer de perspectives et inciter les individus à agir collectivement.

À travers l’art, les essais et les images du Kirghizistan au Costa Rica, More of Us fait émerger des voix critiques qui apportent un éclairage sur des questions d’actualité. Cette collaboration avec Bruise Magazine vient accompagner leur toute première publication inspirée par le thème de la solidarité qui paraîtra en février 2022. More of Us envisage à terme une publication trimestrielle qui comprendra des commandes d’artistes, des articles d’opinion et des analyses critiques sur les arts et la culture, la politique et la société dans le Sud.

février 2022

La solidarité en action

Carolina Campuzano, More of Us

La solidarité doit devenir une action concrète pour lutter contre les inégalités, pour revenir à l’entraide, pour croire et faire confiance aux autres et ainsi mettre en place des mécanismes qui peuvent faire face aux failles et aux injustices du capitalisme. Dans ce sens, le coopérativisme est la clé.

Il s’agit de promouvoir des relations horizontales qui remettent en question les hiérarchies conventionnelles et favorisent le travail en réseau. Pour cela, d’autres valeurs doivent également être inversées : la recherche du profit ou de l’épanouissement individuel n’est plus considérée comme la chose la plus importante sur cette échelle, mais c’est l’engagement envers la communauté ou le développement du collectif qui est placé au-dessus.

 Ce système n’est pas nouveau et, historiquement, on peut le faire remonter aux sociétés anciennes où les bénéfices mutuels étaient promus. Récemment, cependant, il est intéressant de noter que les coopératives sont apparues comme une réponse à l’expansion, à la concentration et, d’une certaine manière, à la monopolisation de l’industrie, du commerce et de la finance. La clé de cette origine est la critique du capitalisme en expansion.

 Il s’agit donc de renforcer l’économie solidaire dans laquelle les bénéfices obtenus par le travail ne sont pas seulement économiques mais aussi sociaux et culturels. Nous parlons de renforcement et d’expansion car la crise du capitalisme n’est pas récente et, dans de nombreux endroits, des unités productives communautaires ont émergé comme alternatives mais elles sont petites.

Pour cette raison, il est essentiel de repenser certains principes qui inversent les valeurs du capitalisme. Il faut notamment penser l’économie au service des personnes (et non les personnes au service de la productivité), privilégier des relations d’égalité qui tiennent compte de l’horizontalité et de l’inclusion et enfin changer la notion de progrès afin qu’il puisse être autodéterminé par chaque communauté et chaque culture.

Et par où commencer ?

 Une fois de plus, il s’agit d’inverser les priorités imposées par le système actuel en commençant par renforcer les liens sociaux qui ont été rompus parce que beaucoup de relations sociales actuelles sont basées sur la compétition. En ce sens, il est essentiel de promouvoir des espaces de rencontre publics pour créer des réseaux d’action collective capables de critiquer les injustices sociales et de penser à des initiatives citoyennes. Ces initiatives peuvent alors envisager différentes manières d’avoir le contrôle sur la façon dont nous produisons, consommons, investissons ou échangeons. 

Ce dernier point peut être mis en pratique par la création de coopératives autogérées qui se distinguent par leur vocation non lucrative, où les personnes participent volontairement afin de répondre à leurs besoins et aspirations. Ainsi, l’organisation n’a pas de propriétaire unique mais elle est détenue et gérée conjointement de manière démocratique et sa croissance est consciente de son environnement, c’est-à-dire qu’elle peut être durable et ne pas détruire l’environnement et, par conséquent, résoudre également les besoins réels des communautés.

La justice, à ce stade, doit être le mot clé sur lequel les coopératives sont construites. Par conséquent, en tant qu’entreprises, elles doivent penser du point de vue des personnes : les produits et les services doivent être accessibles - prix équitables – et la chaîne d’intermédiaires doit être réduite. Elles doivent aussi créer des relations avec d’autres organisations ayant des principes éthiques similaires où l’échange est encouragé et où la sensibilisation à la consommation responsable est favorisée. Pour tout cela, il est également essentiel d’affronter un aspect du capitalisme : la spéculation.

En conclusion, penser le coopérativisme comme une forme d’économie solidaire est la clé pour répondre au besoin des communautés d’avoir des relations plus égalitaires et plus justes, surtout du point de vue économique. Mais sans perdre de vue les objectifs sociaux et en gardant à l’esprit l’importance de comprendre le rôle que chacun a en tant que citoyen, puisque c’est à partir de la participation, c’est-à-dire avec une citoyenneté active que les transformations nécessaires peuvent être générées.

Carolina Campuzano, membre du collectif More of Us

L’autrice

Carolina Campuzano est diplômée d’un Master en Humanités. Elle est journaliste et travaille en tant que communicante pour la fondation Casa Tres Patios. Elle est également professeure à l’université Pontificia Bolivariana au sein du département de communication et d’éducation. Elle aime déambuler dans les villes, apprendre le nom des arbres et par dessus tout, écouter les histoires du quotidien. Elle collecte les poèmes et les feuilles.