Triangle-Astérides

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Diderik Klomberg

1994

Diderik Klomberg est résident d’Astérides en 1994. Les archives de Triangle-Astérides ne permettent pas de déterminer les dates exactes ni la durée de cette résidence en 1994.

Diderik Klomberg est né en 1963 à Oisterwijk (NL)

carrefour

Je crois que Diederik Klomberg part de cette hypothèse dans la réalisation de son œuvre : la nature de l’illusion est d’être illusoire. S’il cherchait à démontrer que l’illusion n’est pas vraie mais simplement une illusion qu’il nous confronte, on pourrait justement dire que nous le savions déjà. Les artistes qui veulent révéler quelque chose sont pour cette raison toujours agaçants car souvent nous savions déjà ce qui est soudainement révélé. Même en allant jusqu’à l’extrême pour rendre l’illusion inévitable, Diederik Klomberg ouvre une porte et montre quelque chose.
La remarque selon laquelle quelque chose est montré à travers une porte ouverte ne doit pas être prise au pied de la lettre car cela voudrait dire que l’illusion révèle quelque chose alors que nous venons de décider qu’il n’y a pas d’autre vérité que l’illusion elle-même. En expérimentant ces œuvres rien n’est révélé, elles sont illusoires. Mais cela se produit en réfléchissant à cette expérience. Par l’organisation de l’information que Diederik Klomberg construit dans ses œuvres, une qualité spécifique de notre vue est reflétée car ce dispositif, opéré par la connaissance, évoquera toujours une certaine sensation « illusion » dans un processus fixe de cause à effet.

jonction

L’effet est clairement la prise de conscience d’une illusion. La cause, cependant, ne peut pas simplement être attribuée à la situation construite par l’artiste ni à la qualité spécifique de la vue. En réalité, la situation telle qu’elle est perçue, associée à cette qualité, constitue l’illusion. En fait, l’illusion ne peut se produire que lorsque ces deux conditions sont présentes simultanément, la situation construite et celle que nous percevons par la vue. Je conclus donc que l’illusion survient lorsqu’il n’y a pas de distinction causale entre l’objet et le sujet.
C’est là que réside la nature dérangeante de l’illusion, car nous devons reconnaître qu’il existe des situations auxquelles nous ne pouvons pas attribuer une cause de manière univoque uniquement extérieure à nous. Avec une telle cause, une seule des conditions mentionnées ci-dessus serait remplie. Ce dispositif particulier, notre vue, doit nécessairement être présent car c’est seulement alors que la seconde condition est remplie. Habituellement, il n’y a pas d’environnement potentiellement illusoire et alors nous ne percevons pas l’illusion. Mais même si un environnement potentiellement illusoire existe quelque part, l’illusion n’est possible que si nous le regardons. Quelqu’un a-t-il récemment envisagé sérieusement que quelque chose existe seulement lorsque nous le regardons ?
Je reprocherais à une telle personne un usage excessif de substances psychédéliques et à partir de ce moment l’ignorerais systématiquement. Mais maintenant, je dois constater que l’œuvre de Diederik Klomberg n’existe essentiellement que lorsqu’elle est perçue, pas par une chauve-souris ou un ange divin mais par exemple par moi. Cette observation est au moins aussi dérangeante que celle où nous ne pouvions pas indiquer des causes externes univoques à une sensation illusoire. L’illusion est un phénomène particulier qui permet d’offrir une vision inhabituelle de la réalité.

- Extrait du texte d’Ad van Rosmalen