Triangle-Astérides

Centre d’art contemporain
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Olaf Mooij

1994

Olaf Mooij est résident d’Astérides en 1994, dans le cadre d’une échange entre des artistes marseillais·es et rotterdamois·es.

Olaf Mooij est né en 1958 aux Pays-Bas, où il vit et travaille

L’artiste rotterdamois Olaf Mooij (1958) s’est particulièrement fait connaître grâce à ses sculptures automobiles exposées dans l’espace public. Presque tout le monde connaît sa Braincar, une voiture dont le toit a été transformé en cerveau. Le jour, la voiture sillonne un quartier, une ville ou une rue, et le soir, elle rêve de sa journée grâce à des projections vidéo sur la surface blanche mate du cerveau. Depuis le début des années 90, Mooij considère la rue comme une scène pour ses œuvres. Typique de sa génération, notamment d’artistes comme Joep van Lieshout et Jeroen Doorenweerd, ils connectaient beaucoup plus leurs œuvres au monde extérieur aux murs des salles d’exposition. Cela a souvent entraîné une confusion : s’agissait-il vraiment d’art visuel ? En 1999, Mooij a été nominé pour le Rotterdam Design Prize avec son DJ Mobile : une Ford Sierra transformée, équipée d’un système audio professionnel, de dix haut-parleurs et d’une cabine de DJ. Mais pour le spectateur averti, une chose était claire : l’œuvre de Mooij est profondément ancrée dans la tradition sculpturale. À la base de la sculpture réside la capacité de l’artiste à suggérer la vie dans la matière inerte. Le célèbre Baiser de Rodin n’est en réalité qu’un morceau de pierre, mais on ne peut rien voir (ni ressentir) d’autre qu’une étreinte passionnée. Les voitures d’Olaf Mooij ne sont que des carrosseries, mais il les a transformées en personnalités, en matière vivante.

Par l’ajout de coiffures exagérées, de postiches ou l’agrandissement de certaines parties, des images de dessins animés prennent forme. Ces images humoristiques relativisent la relation contemporaine de l’être humain aux machines et aux appareils qui l’entourent. Le phénomène universel de l’objet d’amour est tourné en dérision avec espièglerie, comme dans la Voiture Chesterfield, aussi accueillante qu’un véritable canapé Chesterfield (2004, collection Musée Boijmans van Beuningen). Dans sa récente série d’œuvres, presque entièrement exposées à TENT Rotterdam en mars 2009, Mooij semble vouloir revenir à l’autonomie absolue de la sculpture. Ses images de voitures n’ont plus d’utilité fonctionnelle, mais servent seulement à rappeler les modes de transport. Les œuvres se tiennent, reposent, sont suspendues et penchées dans l’espace d’exposition. Posées au sol sans socle, elles paraissent très vulnérables, privées de leur valeur pratique. La peau, la surface de la voiture, est le point central. La peau de ce qui aurait pu être un break repose pliée au sol. Une silhouette de Volkswagen repose instable sur le sol, sa surface recouverte d’une couche noire semblable à de la pierre. L’œuvre se présente comme un vestige fossile d’un passé lointain. Une petite voiture est enjambée par une membrane jaunâtre dont elle semble se libérer ; l’idée d’une naissance est évoquée.

Dans ce jeu entre forme et sens, entre volume et surface, entre fonction symbolique et usage fonctionnel, Mooij cherche le point de convergence exact. Fin et début, avant et après : cette matière morte est biomorphe, ressemblance avec des êtres vivants. Les sculptures récentes de Mooij ont une forte dimension tactile ; elles invitent à les toucher et, oh, pourquoi pas, à les aimer.

- Texte de Mariette Dolle