Triangle-Astérides

Centre d’art contemporain
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Olivier Gourvil

01 au 01 janvier 2003

Olivier Gourvil est résident d’Astérides en 2003 et 2004. Les archives de Triangle-Astérides ne permettent pas de déterminer les dates exactes ni la durée de cette résidence en 2003 et 2004.

Olivier Gourvil vit et travaille à Paris (FR)

Olivier Gourvil est sans conteste l’heureux héritier du style en tant qu’idée reçue. Ainsi, les zigzags ne sont qu’un des motifs qu’il déploie pour tracer un itinéraire stylistique qui n’est plus seulement morphologique, mais aussi rhétorique. La toupie, la bulle et le ballon informent eux aussi la forme-en-tant-que-discours de ses tableaux - sans oublier que la “bulle” désigne aussi un procédé graphique accompagnant les personnages de bandes dessinées, dont elle constitue, précisément, le “discours”. Ces bulles de bande dessinée délimitent ce qui tient lieu de pensée dans le domaine de la fiction visuelle. Elles représentent une soi-disant pensée et une soi-disant parole ne participant pas à l’espace pictural - en quelque sorte surajoutées, pas réellement formées, invisibles en tant que forme. Les bulles deviennent ainsi des éléments para-textuels, transposés dans un langage graphique.

Dans ses abstractions picturales, Gourvil, observateur attentif du pop art et de ses implications, a réalisé le potentiel textuel de cet idiome graphique. Ses expositions réunissent des images peintes qui sont l’équivalent graphique d’idées reçues. Ipso présente le profil d’une sorte de toupie, sur fond décoratif de bandes de couleurs, proche du cliché. Dans Bulles, des dessins schématiques superposés évoquent une sorte de jabot ou de fraise entourant une bande noire centrale “percée” de trous. Dans Grandes Anacoluthes, tableau majeur, des lignes ondulantes créant des interférences et produisent une figure sur fond de plaid monochrome. Si les “anacoluthes” sont des discontinuités syntaxiques, ce tableau tient sans conteste la promesse de son titre !

L’univers de la culture visuelle est une source constante de gestes calligraphiques constituant des modèles graphiques codifiés, et Gourvil est visiblement un familier du spectre entier de ces motifs. De l’idiome moderne et de ses innombrables variantes disséminées dans l’art contemporain, Gourvil retient surtout l’aspect sémantique de cette culture visuelle. Il apprécie manifestement le grotesque post-pop de Carroll Dunham, qui lui-même s’inspire de l’imagerie tardive de Philip Guston en lui faisant subir une stylisation à la “pac man”. En fait, la plaisanterie est double : par dérivation, le style devient stylisation. Dans cette optique, la notion de style est aussi grotesque que celle de copie. A travers les créations stéréotypées de Guston ou de Dunham, la rage se déchaîne par des moyens picturaux propres à nous enchanter. Le sujet humain rigidifié est un trope familier du grotesque : nous tournons en ridicule la créature biologique devenue mécanique. Privilégiant cette qualité de rigidité, Gourvil la décline par des motifs quasi-abstraits - superposés de façon à créer des discontinuités visuelles.

Texte de Marjorie Welish in Olivier Gourvil, cat. exp., ed. Le Quartier, Quimper, 2003

Le travail d’Olivier Gourvil est visible à l’occasion de l’exposition Trabendo, 2003.