
Thomas Merret

Thomas Merret vit et travaille à Paris (FR)
La question de la représentation du monde et de sa reproduction sont fondatrices pour Thomas Merret ; il construit sa pensée avec Walter Benjamin, Robert Filliou, Jean-Luc Moulène ou encore Jason Dodge. La photographie est la source première de son travail. Ses œuvres problématisent précisément les questions photographiques et toute sa recherche prend forme, progressivement, autour de cela. Pour autant les supports sont multiples ; mais la question de l’impression, de la couleur et de la perception est obsédante. Ses pièces font partie d’un long cours engagé depuis plusieurs années. Elles sont solidement ancrées dans l’histoire de l’art et des techniques ; mais Thomas travaille par l’image. La forme de l’œuvre est simple, et la nécessité de l’alibi – inventer un système d’action, permet donner la distance, et la puissance à ce qu’il y a après, par delà l’œuvre – qu’elle soit image ou dispositif. Le moteur du travail semble se trouver dans cette recherche insistante ; ce qui existe présentement « par l’œuvre » puis « après l’œuvre ». Sa série des photographies des mers, tentative d’archives des frontières maritimes, est un témoin frappant. Travail en cours – « projet de toute une vie », elle manifeste le rapport intense du geste à l’œuvre : montrer une frontière, imperceptible, et voir peu : l’horizon, inchangé. L’immense tâche entreprise par l’artiste donne une valeur saisissante à chacune des photographies.
Aussi, lorsqu’il photographie les reproductions d’œuvres d’art de la collection du frère Clavel (2013), le caractère anthologique de la pièce nous ramène également très fortement à la question de l’unicité de l’œuvre ; pourtant l’artiste revient surtout avec force sur le principe de réalité. La correspondance des représentations ne permet pas d’en savoir plus : les nuances des couleurs et des teintes, établies par la copie et l’impression, rassurent seulement la vulnérabilité de la réalité.
Ainsi cette dimension réflexive et temporelle du travail de Thomas Merret semble avoir pour vocation de replacer toujours le spectateur au centre de l’œuvre. Il faudrait aussi dire que l’ensemble de ses développements théoriques sont alimentés par ses déplacements physiques dans le monde, et que ce n’est pas un détail dans ce travail.
Thomas Merret est diplômé de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole et de l’e|m|a fructidor de Chalon sur Saône. Son travail fut visible au dernier Salon de la Jeune création, Paris, ainsi que dans plusieurs expositions collectives notamment avec le collectif IrmavepClub. Il a également participé récemment au programme de résidence des Ateliers des Arques sous le commissariat d’Olivier Michelon. Actuellement en résidence à Triangle France, il y prépare de nouvelles images de frontières, sûrement une édition ainsi qu’un nouveau travail sur la perception via la peinture.