Stéphanie Majoral
Stéphanie Majoral est résidente d’Astérides en 1999. Les archives de Triangle-Astérides ne permettent pas de déterminer les dates exactes ni la durée de cette résidence en 1999.
Stéphanie Majoral est née en 1966 à Montpellier (FR), elle vit et travaille à Marseille (FR)
A travers des formes aussi diverses que le dessin, la photographie, la cartographie ou l’installation, Stéphanie Majoral articule son travail autour de la question du statut de l’image et d’un de ses corollaires le point de vue. En travaillant sur des notions comme le hors champ, l’image spéculaire, l’image voilée, oblitérée… elle nous emmène dans des environnements où la vision est comme suspendue au mouvement. La promenade, le parcours, la déambulation, ne sont pas ici des décisions de l’esprit, mais la suite naturelle et la maturation d’une vision.
Les pièces de Stéphanie Majoral, aussi diverses soient-elles, requièrent du spectateur une contemplation active, une participation créatrice, à l’instar de “A la lisière”, où le sujet reconstruit littéralement le paysage, où le vide devient présence. Il y a chez Stéphanie Majoral un refus obstiné de produire des images décisives, définitives.
Ses images sonnent comme des énigmes, des mystères à éclaircir, posent la question de ce qui se joue au-delà, non pas dans une vision platonicienne suggérant un monde transcendantal, mais bel et bien dans un au-delà du corps. L’artiste crée, non pas un espace en soi, mais plus exactement un espace entre soi. Mystérieuses sans cultiver le mystère, la force onirique de ces images ne réside pas dans la réponse à l’énigme posée, mais bien dans le trajet qui nous conduit vers l’oeuvre. Par ce mouvement, cette déambulation qui est également un temps, l’image, comme le définissait Gide, devient un “espace à émouvoir”.
La notion du temps est ici primordiale : temps de l’artiste, qui, dans la constitution même de son travail, procède invariablement par étapes, par une accumulation progressive, minutieuse et lente ; temps du spectateur, confronté à une image qui ne se donne pas à voir immédiatement ; temps de l’oeuvre enfin, qui, en abolissant toute vision frontale, invite à la promenade, à un parcours dans, autour, et au travers d’elle même.
Car les pièces de Stéphanie Majoral induisent un rapport charnel avec le spectateur. La dualité de ses images crée une perception en deux temps, chacune déviant légèrement la perception de l’autre : tout comme le promeneur qui, embrassant du regard le paysage offert à ses yeux (devant lui et donc en dehors de lui-même), désire être dans ce paysage, et qui, ce désir assouvi, se représente alors dans le même temps, dans une perception à la fois réelle et fantasmée, le paysage dans son ensemble et le fragment du paysage.
On retrouve ce jeu entre la multitude et le détail, le tout et son fragment, dans le travail de Stéphanie Majoral. “ Fragment : morceau d’un objet brisé” nous dit le Petit Robert.
Brisé comme un miroir en mille et un morceaux, briser l’image réfléchissante pour qu’elle devienne opaque. S’attacher au morceau brisé, c’est désirer voir à travers l’opacité, et refuser de voir à travers la transparence.
Ce qui frappe chez Stéphanie Majoral, c’est la persistance et la cohérence interne de son travail, sa rigoureuse unité : tout se répond dans un mouvement qui se résout en une identité : nous nous voyons regarder.
Sandra Patron in Throokinglass, cat. exp., Triangle France, 2002
Le travail de Stéphanie Majoral est visible à l’occasion de l’exposition Denis Brun, Sydney Houillier, Stéphanie Majoral, Florent Mattei, Lionel Scoccimaro, Nano Valdès, 1999, Throokinglass, 2002 et Trabendo, 2003.