Fictionary - Épisode 1, 2 et 3
Exposition collective avec Virginie Barré, Denis Brun, Philippe Charles, Frédéric Clavère, Anne de Sterk, Jim Lambie, Cyril Lepetit, Stéphanie Majoral, Ingrid Mourreau, Bruno Peinado et Laurent Terras
Avec les performances de DJ Jive Biquette et Cyril Lepetit, et l’action vestimentaire de Denis Brun.
Exposition en partenariat avec 3015.
Commissariat : Philippe Charles (3015) et Sandra Patron (Triangle France)
Épisode 1 : 22 - 23 septembre 2000
Épisode 2 : 29 - 30 septembre 2000
Épisode 3 : 6 - 7 octobre 2000
Friche la Belle de Mai, 13003 Marseille
Fictionary, un feuilleton en trois épisodes où s’entrecroisent les mythes et légendes, Bataille et Hitchcock, les itinéraires à entrées multiples, les scénarios improbables et les contes érotiques.
En latin, fiction provient du mot fingere, et signifie feindre, manipuler, imaginer. Le propre de la fiction est de se démarquer du réel, elle ne peut pourtant exister sans un ensemble de codes et de conventions. À partir du moment où l’activité langagière, au sens le plus large du terme, se déclenche, elle entraîne une activité de référence.
Les artistes de Fictionary jouent avec ces références, ils se réapproprient ce flot incessant d’images, des images télévisuelles aux magazines branchés, des polars au cinéma américain, des contes de Grimm à la B.D, pour nous proposer « une mise en espace du récit* ». Le spectateur est alors amené à circuler autour, dans et à travers Fictionary en combinant le plaisir de la reconnaissance à celui de la surprise.
Dans l’épisode 1, les codes issus d’une low culture sont détournés, manipulés, recyclés, aussi bien dans les machines improbables et faussement naïves de Laurent Terras, dans les détournements psychédéliques de la culture pop-rock chez Jim Lambie que dans les wall-paintings parasiteurs et archipéliques de Bruno Peinado.
L’épisode 2 nous plonge dans un univers à mi-chemin entre Perrault, Sade, Bataille et Magritte. Un univers dans lequel les artistes se jouent de l’imagina ire collectif des mythes, légendes et contes. Mais des contes cruels comme chez Ingrid Mourreau, où l’innocence est déjouée, pervertie par Cyril Lepetit et où les personnages subissent les derniers outrages d’un calvaire orchestré par l’artiste chez Frédéric Clavère.
L’épisode 3 nous propose une série de petites mises en scène, de dispositifs pièges où l’attente du spectateur, au regard de conventions empruntées le plus souvent au cinéma, est constamment tronquée, déviée. Des mises en scènes de meurtres à la Hitchcock de Virginie Barré où les indices se multiplient pour mieux nous égarer, aux bandes-sons scénarisées de Anne de Sterk, en passant par la maison de poulets de Philippe Charles, trop humaine pour être honnête, et par la constellation de la salle de bains de Stéphanie Majoral, à mi-chemin entre son quotidien et Hollywood, la frontière entre réalité et fiction s’opacifie pour un résultat souvent troublant. Avec en toile de fond la déambulation vestimentaire - entre simulacre et haute couture - de Denis Brun.
Fictionary est un jeu de société, jeux des apparences et des convenances, parfois cruel et parfois drôle, où chacun des artistes présentés est le metteur en scène (le manipulateur ?) d’une mythologie quotidienne et collective.
Texte de Sandra Patron dans le catalogue d’exposition
*ce terme est emprunté à Dominique Païni, Directeur de la Cinémathèque Française, in Art Press n° 255, Mars 2000.