Exposition

Exposition collective avec et autour de Sonia Chiambretto, avec Ouassila Arras, Agata Ingarden, Hannan Jones, Samir Laghouati-Rashwan, Luna Mahoux, Josèfa Ntjam, Fanny Souade Sow, Virgil Vernier

Avec la complicité curatoriale de Victorine Grataloup et Camille Ramanana Rahary, assistées de Léo Ferreiro et Clara Juan
8 février - 8 juin 2025, vernissage public le 7 février de 17h à 22h
Panorama, Friche la Belle de Mai

⮕ Livret de visite de l’exposition à lire en cliquant ici

Une dalle de béton, une bouche d’aération fumante occupent le milieu de l’espace d’exposition. Il s’agit d’éléments du décor d’Oasis Love (2023), de Sonia Chiambretto. Comme tous les textes de l’autrice et poétesse, la pièce multiplie les points de vue et fait entendre plusieurs voix, souvent enfantines ou adolescentes. Certaines d’entre elles apparaissent sur la baie vitrée et le mur qui lui fait face, sous la forme de citations.
D’Oasis Love, Sonia Chiambretto écrit :

« Tout a commencé par un poème.
J’étais en résidence en Seine-Saint-Denis dans un foyer d’adolescentes, c’était le printemps, on se promenait entre les barres d’immeubles avec Bintou et deux de ses amies du collège. On est rentrées dans une épicerie pour acheter des canettes d’Oasis tropical et en sortant on est tombées sur l’interpellation brutale de plusieurs jeunes du quartier, on s’est rapprochées et les jeunes filles ont reconnu le cousin de l’une d’entre-elles. (…)
Je liste, j’énumère, je recense.
À partir d’un montage de documents, d’archives et de paroles collectées, dans une chronologie syncopée, je cherche une forme poétique, rejetant la linéarité d’une histoire ou d’une démonstration, qui révèle l’ambiguïté de notre rapport à l’autorité. (…)
L’écriture déplace le cadrage, elle est visuelle, je crois presque plastique. J’aime dire qu’un mot, un seul, celui-ci et pas un autre, selon comment il est installé dans la page, peut provoquer une explosion. (…)
De l’expérience de la page, à l’espace de la performance, jusqu’au plateau de théâtre, la pièce Oasis Love n’est jamais que la poursuite de cette exploration que je mène collectivement avec les outils qui sont les miens : l’écriture, les arts vivants, plus récemment les arts visuels. C’est aussi pour moi une façon de renouer avec ma propre histoire familiale, traumatisée à répétition, au fil de l’histoire, par les agissements de la police française. »

Vingt ans après les émeutes urbaines de 2005, représentant un événement marquant de l’histoire française contemporaine, consécutives à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré fuyant avec Muhittin Altun un contrôle de police à Clichy-sous-Bois, l’exposition rassemble artistes proches de Sonia Chiambretto et collaborations inédites. Les huit plasticien·nes partagent non seulement l’attention de Sonia Chiambretto pour les quartiers populaires urbains et les problématiques spécifiques de leurs jeunesses ; mais aussi certaines des méthodologies de l’autrice : la collecte d’archives, de témoignages, l’amplification par la répétition.

Dans l’espace du Panorama, la centralité d’un décor de théâtre, d’une scène, matérialise l’ambition — chère au travail d’écriture et de mise en scène de Sonia Chiambretto — de mettre la parole au coeur de l’exposition Comme un printemps, je serai nombreuse, et d’éprouver sa cohabitation avec des oeuvres plastiques. Cette scène sur laquelle chacun·e peut monter sera régulièrement activée par des performances, lectures et ateliers.